Dans mon métier, j’ai appris à respecter les maquettes, mais pas aveuglément : il faut trouver l’équilibre entre adaptabilité et identité pour un livrable de qualité.
C’est quoi, une maquette ?
Lorsqu’un designer livre une maquette, il transmet une vision. Chaque choix graphique (typographie, espacement, contraste, alignement, etc.) est censé servir un objectif : lisibilité, cohérence de marque, esthétique, accessibilité.
Il est donc normal que l’on demande au développeur de respecter scrupuleusement ces éléments. C’est une forme de reconnaissance du travail accompli et une condition nécessaire à la fidélité du rendu.
Mais la réalité du développement, c’est aussi celle de la rationalisation.
Corriger plutôt que s’embourber
Il arrive que certaines incohérences se glissent dans les maquettes : marges légèrement différentes d’un composant à l’autre, tailles de police non harmonisées, variations de couleurs quasi imperceptibles. Ces détails peuvent ralentir inutilement le travail, alourdir la feuille de style, ou créer des effets visuels indésirables une fois les animations ou les contenus dynamiques en place.
Ce constat vaut d’autant plus pour des projets fonctionnels à forte volumétrie, comme des applications métier ou de gros sites e-commerce, où la priorité reste l’utilisabilité, la cohérence des composants et la performance. On ne parle pas ici de sites artistiques ou de portfolios où chaque détail est pensé comme une pièce unique.
Ce n’est pas une trahison que de corriger certaines erreurs manifestes ou d’homogénéiser des règles, tant que cela ne dénature pas la vision globale. Un bon développeur saura faire la différence entre ce qui relève d’un choix esthétique intentionnel, et ce qui tient d’une imprécision de fichier.
Il saura poser la question : « ce 18px ici, c’est voulu ou c’est une variation du 16px utilisé partout ailleurs ? »
Ce travail d’ajustement est d’autant plus important lorsqu’on pense en composants. Une approche modulaire implique de rationaliser les tailles, espacements et comportements. Cela ne veut pas dire faire au plus simple, mais faire au plus cohérent.
La vision derrière tout ça
Un produit de qualité, ce n’est pas qu’une maquette figée reproduite au pixel près. C’est un système vivant, robuste, maintenable, et fidèle à l’esprit du design. D’autant plus qu’aujourd’hui, il existe une infinité d’écrans différents (on pense aux smartphones, aux tablettes, desktops et toutes leurs variantes).
Bien sûr, cela suppose une transparence dans la relation dev/design/client. Ce genre de choix ne peut pas se faire dans l’ombre. Si une modification est faite, elle doit pouvoir être expliquée, documentée, voire validée par le client final lui-même. Le travail d’équipe passe par là, et cela permet d’assurer une transparence sur le travail accompli.
En résumé, respecter les maquettes est une base non négociable. Mais cela n’empêche pas une vigilance critique et constructive. Parfois, sacrifier une micro-coquille de design permet de livrer un produit plus rapidement.